Trois raisons principales rendirent le VIème Congrès International des Sciences Historiques à Oslo de 1928 important. Ce fut le premier Congrès après que le Comité des Sciences Historiques (ICHS) se soit constitué. De plus, on y réussit à introduire le droit à la participation au Congrès pour les représentants de tous les pays, en en fondant ainsi un forum pour la réconciliation et collaboration internationale. Pour plusieurs raisons Le Congrès fut, enfin, l’œuvre d’un seul homme, Haldvan Koht, professeur d’histoire à l’Université à Oslo, dont la position et les contacts rendit l’organisation de cet événement possible.
Koht participait activement à l’inauguration d’ICHS, qui eut lieu à Genève en 1926 (même si c’était l’historien américain, Waldo Leland, dont c’était l’idée) et fut élu le premier président de cet organisme. En tant que tel, il proposa alors l’organisation du prochain Congrès à Oslo. Varsovie fut l’autre candidature importante, mais vu le Coup d’État de mai de Josef Pilsudski, qui se déroula quand l’assemblée des délégués à Genève avait lieu, le représentant polonais retira cette candidature. Les Athènes ne firent pas un candidat moins important et La Haye proposa l’organisation du Congrès au cas qu’il n’y aurait d’autres candidats.
Congrès eut lieu à Oslo du 14 au 19 août 1928. En Norvège Koht réussit à obtenir les finances tant de la part du gouvernement norvégien et des sources particulières, que de la Fondation américaine de Rockefeller. Si le Congrès eut son secrétaire et assistant, Koht et les autres membres du Comité d’Organisation mirent beaucoup de travail aux préparations. Près de 950 des participants prirent partie au Congrès. Ils venaient de 38 pays – 17 d’entre eux furent représentés par plus de 10 délégués : Norvège 273, France 132, Allemagne 121, Grande-Bretagne 56, États-Unis 51, Pologne 40, Danemark 34, Suède 30, Italie 28, Autriche 23, Hollande 21, Roumanie 18, Belgique 15, URSS 15, Tchécoslovaquie 12, Espagne 12. Vu qu’en Norvège il n’y ait plus de 10 historiens professionnels, un grand nombre des Norvégiens dut comprendre les archivistes, les travailleurs des collèges et les hommes qui s’intéressaient à l’histoire. Le Congrès d’Oslo fut avant tout un événement européen, mais les historiens du dehors de l’Europe furent beaucoup plus nombreux par rapport aux années précédents. Ils ne venaient pas seulement des États-Unis, mais aussi de l’Algérie, du Brésil, du Chili, du Canada, de l’Égypte, du Japon, de l’Afrique du Sud, de la Turquie et de l’Uruguay.
Les exposés et communications firent présentés par les historiens de 30 pays, surtout de la France (77), de l’Allemagne (42), de la Pologne (33), de la Norvège (24), de l’Italie (15), de la Grande-Bretagne (13), des États-Unis (12), de la Roumanie (12), de l’USRR (10) et de la Belgique. La diversité des sujets fut grande, si grande qu’elle permit à Marc Bloch de constater qu’il ne participerait jamais plus au Congrès ICHS à cause d’un grand nombre des sujets locaux et études introductives. Néanmoins, certains thèmes soulevés out laissé leur visible empreinte sur le Congrès. Après la Grande Guerre l’histoire nationale perdait sa signification. Le rôle des nations (ou les pays nationaux) fut analysé sans rejeter des idées nationales par les historiens. On débattait intensivement le sujet du passage de l’Antiquité à l’époque du Moyen-Âge, et surtout sur la thèse de Pirenne, selon laquelle Islam sépara l’Europe du Nord et Centrale du contact avec la Méditerranée. La méthodologie, avec ses débats sur la théorie, le marxisme et les études comparatistes constitua le troisième sujet que l’on discutait. Ce dernier point a fait l’objet d’un long débat avec l’historicisme allemand.
Le Congrès en 1928 ne fut pas seulement un échange professionnel entre les historiens, en concentrant l’échange des idées et des résultats des recherches. Il constitua une arène de l’entente et réconciliation internationale, ce que fut l’un des aspects des congrès précédents. L’entente internationale et les efforts pour la paix furent l’objet de soin pour les plusieurs organisations à partir des années 90. du XIXème siècle. Après la catastrophe de la Grande Guerre ces efforts devinrent beaucoup plus importants. Les Allemands et l’Autriche, considérées comme responsables de la guerre, furent exclues du Congrès aux Bruxelles en 1923. Ce furent les Belges et les Français qui y tenaient le plus. Pour les fondateurs d’ICHS et les organisateurs du prochain congrès à Oslo la question de la réconciliation internationale eut alors le statut de l’impératif et les vaincus à la guerre durent être invités. C‘est Koht qui s’y engagea particulièrement (il devint ensuite le Ministre des Affaires Étrangères). Il faut ajouter que la subvention de Rockefeller présupposa l’inclusion d’Allemagne et d’Autriche.
De ce point de vue le Congrès d’Oslo paraissait comme un succès. On y mit un grand point sur l’organisation des événements supplémentaires. Après le Congrès, certains de participants ont pris part à une excursion à Bergen, guidée par Koht. L’historien allemand, Hermann Oncken parlait de l’« esprit d’Oslo », en évoquant bien sûr l’esprit diplomatique « de Locarno » d’il y a trois ans. Même si les attitudes de quelques délégués italiens et soviétiques pronostiquaient certaines dérives idéologiques qui se manifestaient lors des prochains congrès.
Bibliographie :
K.D. Erdmann, Towards a Global Community of Historians. The International Congresses and the International Committee of Historical Sciences, 1898-2000, New York-Oxford 2005.
H. Koht, The Origin and Beginnings of the International Committee of Historical Sciences, Lausanne 1962
J.E. Myhre, Wider Connection: International Networks among European Historians, in: Setting the Standards. Institutions, Networks and Communities of National Historiography, éd. I. Porciani, J. Tollebeek, Basingstoke 2012, pp. 266-287.
Å. Svendsen, Halvdan Koht. Veien mot framtiden, Oslo 2013.
Jan Eivind Myhre