En 1900, le monde vivait l’Exposition universelle qui avait lieu à Paris. À cette occasion se sont tenus 242 congrès scientifiques. Les expositions organisées avant la Grande Guerre créaient les conditions excellentes pour ce type des événements. L’idée qui les accompagnait fut celle de montrer le progrès de la civilisation – effet du développement et de l’influence mutuelle de la science, de la société et de la technique. Les somptueux pavillons d’exposition en style historique faisaient contraste avec les nouveautés techniques qu’ils enfermaient. Dans cette ambiance s’est tenu le premier „vrai” Congrès des historiens, alors encore sous le nom du Congrès international d’histoire comparée.
Gaston Boissier, le secrétaire de l’Académie Française, spécialiste en histoire de Rome Antique, fut le président du Bureau du Congrès. La présidence du Comité exécutif fut confiée à René de Maulde-La Clavière, historien de la diplomatie, qui avait été, deux ans auparavant, l’organisateur principal du Congrès international d’histoire diplomatique à La Haye, considéré comme une sorte de « prologue » aux Congrès universels des historiens. C’est d’ailleurs au sein de la Société d’histoire diplomatique que l’idée des échanges internationales entre les savants fut née, résultant de l’essor des « nouveaux nationalismes » d’un côté, du phénomène de mondialisation de l’autre. Maulde-La Clavière percevait les congrès mondiaux comme des événements se situant entre la science et la politique. On voyait dans l’art de la diplomatie un instrument permettant aux nations la communication mutuelle et c’était pourquoi cette perspective devait dominer.
Les débats du Congrès parisien, divisé en 8 sections, se tenaient au Collège de France du 23 au 28 juillet 1900. Dans la première section, celle de l’histoire générale et diplomatique, qui comptait environ 300 participants, on a présenté 21 communications. Dans d’autres sections, le nombre de communications fut comme suit : la deuxième (histoire comparée des institutions et du droit) 14 communications, la troisième (histoire comparée de l’économie sociale) 5 communications, la quatrième (histoire des affaires religieuses) 5 communications, la cinquième (histoire des sciences) 20 communications, la sixième (histoire comparée des littératures) 16 communications, la septième (histoire des arts et du dessin) 17 communications ; l’huitième section, celle de l’histoire de la musique, avec 39 communications, s’est tenue comme un Congrès à part. Les Français constituaient presque la moitié des conférenciers, les autres représentaient l’Italie, l’Allemagne, la Suède, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, la Suisse, l’Espagne, deux venaient de la Grèce, de la Roumaine et du Saint-Siège, il y avait enfin des représentants uniques de la Grande Bretagne, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Portugal et des États-Unis.
Henri Houssaye, le président du Comité d’organisation de la première section constata la renaissance de la méthode classique des recherches historiques. On prêtait plus d’attention à la critique des sources, les archives publiques et privés étaient de plus en plus disposées à donner accès à leurs collections. L’histoire n’était plus considérée comme exploits des grands chefs, il était question de chercher les faits et la vérité historique dans les documents. Il était caractéristique que la présidence des séances de cette section incombait non seulement aux historiens, mais aussi aux représentans officiels de certains États. Quant aux autres sections, les guildes constituaient le sujet principal dans la troisième, dans le cadre de la quatrième on menait des comparaisons entre les catholiques, les orthodoxes et les protestants, le programme de la cinquième section traitait des sciences naturelles (biologie, géographie, médecine) et techniques, dans le cadre de la sixième section on discutait les influences mutuelles dans la littérature européenne, dans la septième section le devant de la scène était occupé par l’art italien, français, allemand et grec. Le Congrès d’histoire de la musique était divisé en sections chronologiques : de l’antiquité, du Moyen Âge et de l’époque moderne.
Le Congrès a donné aux historiens en provenance des petits États l’occasion de présenter leurs histoires nationales, marginalisées jusqu’alors. C’était considéré ensuite comme le symbole et le signe que ces pays sortaient de l’ombre des grandes puissances. Le fruit du Congrès était la publication de ses actes en 7 volumes, qui ne comprenaient cependant pas toutes les contributions. Il faut mentionner aussi la fondation de la « Revue du synthèse historique » créée par Henri Berr, qui invitait à la collaboration internationale et pluridisciplinaire.
Bibliographie
- Congrès international d’histoire comparée. Annales internationales d’histoire. Congrès de Paris 1900, vol. 1-7, Paris 1901
- A. Dubois, Der erste internationale Historikerkongress in Paris 1900, 2014 https://drive.google.com/file/d/0B_arpalsK1FXT212NENsTkZBMzQ/edit; https://parhei.hypotheses.org/256 (8.12.2019)
- G. Hübinger, B. Picht, E. Dabrowska, Cultures historiques et politique scientifique. Les congrès internationaux des historiens avant la Première Guerre mondiale, „Revue germanique internationale”, no. 12, 2010, p. 175–191
- „Le Figaro”, 24 VII 1900, p. 2
- Rapport général sur les congrès de l’exposition par M. de Chasseloup-Laubat. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris, Paris 1906
- A. Rasmussen, Les Congrès internationaux liés aux Expositions universelles de Paris (1867-1900), „Cahiers Georges Sorel”, no. 7, 1989, p. 23–44
Magdalena Heruday-Kiełczewska